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Ghannouchi : Tunisie et Algérie un nouveau pas franchi vers l’arbitraire 

Faut-il voir à travers l’arrestation arbitraire de Rached Ghannouchi et la fermeture des locaux de son parti, Ennahdha, la fin de l’Islam politique en Tunisie ? Il est comme qui dirait, un pas que l’on ne saurait franchir.  

L’arrestation de cette figure de proue de l’opposition -même si Ghannouchi ne plait pas à tout le monde- est en tous cas le signe flagrant d’un verrouillage politique que cherche à tout prix à imposer en Tunisie, le « dictateur » des temps modernes Kaïs Saïed. Toujours est-il, que dans ce petit pays aujourd’hui vassalisé par l’Algérie et autrefois qualifié de “Suisse arabe” et en dépit d’une opposition qui ose encore crier haro sur “l’arbitraire”, les carottes semblent bel et bien cuites.  

Mince espoir donc, pour cette opposition qui dénonce un régime insoumis à son peuple qui l’a pourtant élu, mais qui par contre est entièrement soumis à la junte d’à côté en Algérie. La Tunisie, aujourd’hui pratiquement en quasi-banqueroute financière et, par qui tous les printemps arabes et même du monde ont été initiés s’est révélée n’être qu’une simple « Wilaya » à la solde d’Alger, comme l’avait rappelé El Houari Tegersi, un « expert » en géopolitique algérien à une chaine de  télévision arabe.

Pourtant Rached Ghannouchi, autre personnage sombre de la décadence du paysage politique et économique en Tunisie et qui empêchait Kaïs Saïed d’exécuter ses réformes et avant lui avec l’ancien président Béji Caid Essebssi, était une limite rouge à ne pas toucher pour les séniles d’Alger dont il était le protégé depuis les années 90.

Ennemi numéro un du régime de Ben Ali, Ghannouchi avait élu domicile en Algérie. Il avait même été reçu quatre fois par l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika. C’est que le bonhomme avait été pour beaucoup dans “la concorde civile” ou, la politique de réconciliation après la décennie noire.  

Mais force est de constater que son arrestation a été validée par Alger qui l’a laissé tomber. Avec son arrestation, Kais Saied est tombé dans un piège que le régime d’Alger préparait depuis de nombreux mois. Taxé de dictateur après avoir suivi les pays d’Abdelmadjid Tebboune, le président tunisien, vient de rajouter une couche à ses peines, puisqu’il va devoir affronter la fronde des islamistes d’Ennahda qui ont basculé dans la clandestinité, et pèsent à présent comme une menace d’instabilité pour la Tunisie.

En laissant tomber Ghannouchi au profit de Saied, le régime d’Alger montre sans gêne, qu’il n’est pas un allié de confiance dont le président tunisien devrait se méfier. S’il a servi l’Algérie plus qu’aucun Tunisien n’aurait pu le faire, il se retrouve après ce faux-pas, prisonnier du bon vouloir de l’Algérie des généraux qui n’hésitera pas à faire pression pour lui arracher des positions contraignantes.

L’Algérie lui a déjà montré quelle voie prendre contre des pétro-dollars d’aides, et cela s’est manifesté par le vote contre le Maroc au Conseil de sécurité à l’ONU et le tapis rouge déroulé à un personnage qui n’a aucun crédit international, un mercenaire du nom de Brahim Ghali.

Sacrifié sur l’autel des nouveaux arrangements géostratégiques au Maghreb et une situation économique difficile en Tunisie en l’absence de bailleurs de fonds qui réclament des réformes que Saied n’est pas prêt à faire, Rached Ghannouchi, 81 ans, va prendre malgré son profil acrimonieux, le visage d’un héro de la résistance contre l’autoritarisme.

Kais Saied, se trouve au centre et à la clé de tensions en perspectives dans la région du Maghreb s’il cède encore aux exigences du régime algérien, qui poussera certainement pour une reconnaissance du polisario pour l’épargner, à présent qu’il a réussi à lui coller l’étiquette du dictateur, en faisant oublier que c’est l’Algérie qui est passée maitre en la matière.

S’il cède, il mettra non seulement son avenir à la tête du pays en jeu, mais menacera directement la stabilité de la région. Il perdra définitivement un allié, avisé et respectueux, qui s’est gardé de s’ingérer dans les affaires intérieure de la Tunisie, et se retrouvera à la merci d’un régime militaire qui souhaite mettre du désordre dans son pays, et créer un Maghreb faible devant sa puissance militaire.

Le président Saied, peut toujours chercher conseil pour tirer son épingle du jeu et faire avancer la situation de la Tunisie, s’il arrive à se détacher de l’influence dangereuse d’Alger. Mais après ce qu’il a fait au Maroc, le retour de la confiance ne sera pas chose facile.

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