Dans un moment empreint de nostalgie, rempli d’histoires d’une époque de transformation marquée par des événements politiques troublants, la Fondation Abderrahim Bouabid (FAB) a rendu hommage, ce vendredi, au grand avocat et homme politique marocain, Mohamed El Yazghi.

Figure du mouvement nationaliste de l’époque de Hassan II et l’un des fondateurs de l’Union nationale des forces populaires (UNFP), Mohamed El Yazghi a assisté aux grands événements qui ont marqué la période de lutte contre le protectorat français, l’indépendance du Maroc, le règne de feu Hassan II avec toutes ses péripéties, ainsi que l’ère du Roi Mohammed VI.

Anciens et actuels ministres, avocats, diplomates, militants et anciens et actuels dirigeants politiques, ont pris part à l’hommage rendu à l’un des leaders de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP). Les participants à cet événement, notamment le bâtonnier Mohamed Essadiki, Aicha Belarbi, Mohamed Achaari, Mohamed Brini, Mohamed Naciri, Latifa Jbabdi, Mohamed Karam, qui ont pris la parole à cette occasion, ont tous, à l’unanimité, insisté sur le militantisme d’El Yazghi et sa lutte pour la démocratie au Maroc et le changement vers un Etat de droit pour un Maroc meilleur.

Ancien cadre de l’USFP et aujourd’hui Senior Fellow au sein du Policy Center for the New South (PCNS), Larabi Jaidi s’est confié au micro de Hespress Fr sur Mohamed El Yazghi, avec une grande émotion et un grand respect.

« C’est un monsieur qui a beaucoup donné pour ce pays, pour sa transformation, pour la défense des libertés, pour la défense de la démocratie, et il en a payé le prix sur de nombreux aspects. Et c’est un homme à qui on rend hommage, une personnalité qui mériterait d’être honorée encore plus à l’avenir« , a-t-il affirmé.

Et d’ajouter : « Il a marqué notre génération. Ce n’était pas seulement un symbole, mais une force d’attraction pour la jeunesse de cette époque. Je me rappelle comment grâce à lui, grâce à ses orientations, grâce à son engagement, nous avons pu croire en la transformation de ce pays, institutionnelle et sociale, et nous sommes engagés en tant que jeunes dans la jeunesse du parti, notamment dans une période extrêmement délicate, en 75, juste après la mort d’Omar Benjelloun, qui était également un grand leader, et à la veille d’une question fondamentale qui était posée, celle de l’intégrité territoriale. Ce sont des moments qui sont très forts et qui nous marquent dans l’avenir, et nous sommes redevables à cette personnalité« .

Pour sa part, Latifa Jbabdi, cadre au sein du Parti de la rose et militante associative et des droits de l’homme, a déclaré à Hespress Fr : « Nous avons rendu hommage aujourd’hui à un grand homme, une figure emblématique non seulement de l’USFP ou de l’UNFP par le passé, mais de l’ensemble de la gauche marocaine. Pendant plus de 40 ans, il a été l’un des grands leaders de l’opposition au Maroc, payant le prix de sa liberté et de son corps. Il a même failli y laisser sa vie ».

« Toutes les voix qui se sont exprimées aujourd’hui, ont exposé non seulement le parcours de Mohamed El Yazghi, mais aussi ce qui a fait de lui un dirigeant exceptionnel en termes de valeurs et de sens du sacrifice. Nous avons vécu directement son engagement« , a-t-elle souligné.

Dans son discours, Latifa Jbabdi est revenue sur la façon dont Mohamed El Yazghi l’a poussée, en 2007, à se présenter à sa place dans l’une des circonscriptions les plus difficiles de Rabat, et où El Yazghi avait ses partisans. Et pourtant ! Il a tout fait pour la propulser sur le devant de la scène.

« Mohamed El Yazghi s’est désisté en ma faveur pour que je me présente à la circonscription de Rabat-Océan, ce qui est rare, voire exceptionnel, car habituellement, les gens se bousculent et se maintiennent dans leur siège et leur fief électoral. Mais Mohamed El Yazghi a beaucoup insisté, surtout que je n’étais pas prête et que j’avais pris la décision de ne pas me présenter. Pendant plusieurs mois, il a tout fait pour me convaincre de prendre sa place dans cette circonscription considérée comme celle de la mort. C’était un grand honneur pour moi, et heureusement, nous avons réussi à faire gagner un siège à l’USFP grâce à Mohammed El Yazghi. Nous avons gagné la présence d’une femme (…) Son geste était d’une grande noblesse politique. Cela explique toutes les caractéristiques qui ont fait de lui le grand leader qu’il est aujourd’hui« , a-t-elle conclu.

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