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Macron et le Maghreb, une relation compliquée!

Existe-t-il une politique maghrébine de la France ? Cette question est aujourd’hui au cœur de l’actualité, à voir le nombre de problématiques brûlantes, d’enjeux de pouvoir dans cette région auxquels la diplomatie française est mêlée. Si elle n’existait pas, le moment est venu de l’inventer, avec, espèrent les capitales du Maghreb, du courage et de l’imagination.

Cette interrogation se pose sur fond d’une équation particulière. Emmanuel Macron a une relation avec les pays du Maghreb sinon compliquée du moins franchement illisible et teintée de contradictions. Alors que ses prédécesseurs percevaient les liens de la France avec cette région comme une relation d’ensemble, lui a développé de l’individuel et donc du subjectif.

La France et le Maghreb sous Emmanuel Macron, cela reste une histoire à écrire. Lorsque du haut des ses quarante ans, Emmanuel Macron avait conquis les Français et l’Elysée, il voulait par la fougue de sa jeunesse, la puissance de ses convictions débarrassées du complexe colonial, redonner aux rapports avec cette région du Maghreb, à la fois si proche et si lointaine, un nouveau lustre.

Au final, signe des désillusions et des échecs, Macron s’est retrouvé à entretenir une relation problématique avec ces pays et à développer une empathie aussi étrange qu’improductive.

A l’égard de l’Algérie d’abord. Obsédé par l’ambition de laisser une empreinte historique inédite dans le domaine de la réconciliation mémorielle, Emmanuel Macron regarde ce pays avec des œillères étroites. Pour atteindre cet objectif, le président Macron ne voit pas cette tendance algérienne à transformer le pays en prison à ciel ouvert, dominée par un économie de prédation et de corruption endémique. La liberté de presse y est fondamentalement absente et les violations de droits de l’homme quotidiennes et structurelles.

Emmanuel Macron refuse aussi de voir les comportements de rupture et de défiance du régime algérien. Son alliance avec les Russes et les facilités qu’il donne à l’implantation du groupe para militaire Wagner, son alliance avec le régime iranien et sa politique ouvertement hostile et déstabilisatrice… autant de choix qui devraient logiquement provoquer une angoisse et un haut le cœur français.

En exprimant un soutien à cette institution militaire algérienne qui s’apprête à offrir un second mandat à Abdelmajid Tebboune, la France d’Emmanuel ignore délibérément les souhaits des Algériens d’accéder à la démocratie et à l’Etat de droit. Ce qui est, venant d’un pays berceau des lumières et des droits de l’homme, le comble de l’ironie et du cynisme politique.

La même cécité est à trouver dans l’incompréhensible soutien du président Macron à l’égard du président tunisien Kaïs Saied. Ce dernier a beau imposer à la Tunisie une dictature digne de l’ère soviétique, restreindre toutes les libertés, étouffer le pays sous un joug infernal, la diplomatie française ne s’en offusque pas outre mesure. Sous prétexte que la poigne de fer de Kais Saied et sa politique liberticide empêche l’éventuel retour des islamistes d’Annahda au pouvoir, tous les caprices lui sont autorisés.

Malgré tous les abus du président Kais Saied qui provoquent une salve de critiques indignées en Europe et aux Etats Unis, Emmanuel Macron demeure un des rares avocats du régime tunisien notamment auprès des institutions financières internationales. Ce qui, à la longue deviendra intenable pour la diplomatie française surtout que la tendance du durcissement du régime tunisien a atteint un point de non retour.

C’est à l’égard du Maroc, pays en pleine essor économique, dont la démocratie des institutions et l’Etat de droit sont solidement installés, que la France d’Emmanuel Macron a décidé d’exporter sa mauvaise humeur et ses froides relations. Sous prétexte qu’Emmanuel Macron face à la demande des autorités marocaines, refuse de faire bouger les lignes de sa politique à l’égard du Sahara marocain, il plombe volontairement un précieux partenariat entre deux pays historiquement alliés. Pour Paris comme pour l’ensemble des capitales européennes, le Maroc s’est imposé comme un pays clef dans la lutte contre l’immigration clandestine, le trafic de drogue, la guerre contre les organisations terroristes et le grand banditisme.

Signe de cette mauvaise relation entre Rabat et Paris, l’incapacité des deux pays à fixer un agenda pour une visite d’Etat du président français au Maroc. Le dialogue politique à haut niveau est à l’arrêt et les perspectives de sortie de crise ne sont pas visibles à court terme.

Ce sont donc assurément de mauvais choix qu’Emmanuel Macron a pris à l’égard des pays du Maghreb. Un soutien inconditionnel à une gouvernance militaire algérienne pyromane et liberticide, une aide inexpliquée à un régime tunisien producteur de pauvreté et d’instabilité et une froide relation avec le Maroc, le seul pays du Maghreb à posséder des perspectives optimistes et une dynamique constructive.

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