Alors que d’importantes échéances onusiennes sur la Sahara approchent à grands pas, la diplomatie américaine entame une procédure de vérité sur le positionnement des partenaires de cette crise régionale. A leur tête, l’Algérie, à laquelle il est demandé une clarification qui pourrait être aussi inédite que décisive.
C’est en tout cas ce qui ressort de la dernière conversation téléphonique entre Wendy Sherman, la sous-secrétaire d’Etat américaine et le nouveau ministre des affaires étrangères algériennes Ahmed Attaf.
Le communiqué qui a été publié à l’issue de cet entretien ne laisse place à aucune ambiguïté. Le Sahara marocain était au cœur de cette conversation. Ce qui est en soi une première.
Les deux responsables, américaine et algérien « ont discuté des efforts visant à favoriser la stabilité dans la région, y compris le soutien à l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies, Staffan de Mistura, pour faire aboutir à une solution politique durable et digne au conflit du Sahara occidental », y est-il dit.
Que peut donc dire une ministre d’un pays qui reconnaît la souveraineté du Maroc sur son Sahara à celui d’un autre engagé depuis des décennies dans une entreprise de financement et d’armement d’un mouvement séparatiste? Dans le langage diplomatique, favoriser la stabilité dans la région équivaut simplement à remettre en cause cette stratégie pyromane poursuivie par le régime algérien à l’égard du voisin marocain.
L’importance de cette politique américaine à l’égard de l’Algérie est qu’elle participe à fixer les lignes de la crise et de ses principaux partenaires. Longtemps, le régime algérien a vendu à son opinion et à la communauté internationale l’idée qu’il ne faisait pas partie de cette discorde régionale. Cette position lui procurait le confort d’agir en sous main, derrière les rideaux, sans être interpellé sur sa propre responsabilité.
Aujourd’hui, cette illusion algérienne est en train de partir en fumée. Et les Nations Unies et la
diplomatie américaine pensent que le régime algérien ne doit pas se dérober à ses responsabilités dans le maintien de la stabilité et la sécurité de la région.
En interrogeant la responsabilité algérienne, le but est d’identifier les forces et les choix politiques qui bloquent les évolutions naturelles de cette crise vers la solution politique proposée par le Maroc et validée par l’ensemble des forums internationaux.
L’échange entre Washington et Alger sur le Sahara a de fortes chances de provoquer des étincelles, à rajouter à une palette de crises et de divergences stratégiques qui opposent les deux pays. Depuis la guerre entre entre la Russie et l’Ukraine, l’administration américaine avait exercé une énorme pression sur le régime algérien pour qu’il cesse de jouer les agents d’influence des russes dans la région et le rôle de financier de leur machine de guerre en Ukraine.
Deux indications ont révélé l’ampleur de cette influence. Des manœuvres militaires entre l’Algérie et la Russie à la frontière marocaine ont été officiellement annulées mais tenues en secret. Le régime algérien est aussi accusé de faciliter l’implantation dans la région du Sahel des forces paramilitaires russes Wagner, et la visite du président Abdelmajid Tebboune à Moscou reportée plusieurs fois, demeure encore incertaine même si annoncée pour le mois de mai.
Sur le terrain d’une autre crise, les relations intimes entre l’Iran et le régime algérien, la mauvaise humeur américaine s’exprime tout aussi ouvertement contre le régime algérien accusé par Washington de constituer une rampe de lancement de l’influence iranien en Afrique du Nord et subsaharienne.
Pour les Américains, le régime algérien joue avec le feu et s’est transformé au fil des années et des crises en un élément potentiellement déstabilisateur de la région. Ce n’est pas un hasard si des députés du congrès proposent de lui appliquer des sanctions dissuasives.
L’affaire du Sahara va se rajouter à ces sujets de tensions et de divergences entre la Maison Blanche et le Palais de la Mouradia. L’heure de vérité approche pour Alger pour dévoiler son vrai visage avec cette double interrogation : Le régime algérien va-t-il avoir une intelligence de situation pour accompagner la solution politique, mise en œuvre de l’option de l’autonomie préconisée par les nations unies sous parapluie américain? Ou va-t-il oser défier la volonté de la communauté internationale et provoquer des ruptures et des tensions au risque d’aboutir à une déflagration régionale ?
Aussi bien sur la Russie, l’Iran que sur le Polisario, le régime algérien se trouve actuellement à la dangereuse croisée de chemins.
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