La relation entre la France et le Maghreb n’a jamais été aussi compliquée, aussi problématique, au point de provoquer des craintes d’une dégradation irréversible. Si avec le Maroc le glacial s’est installé dans la durée, avec l’Algérie, le disruptif devient presque une constante.

C’est sans aucun doute l’œuvre du président Emmanuel Macron et sa marque de fabrique. Ses prédécesseurs, qu’ils soient de gauche ou de droite, avaient toujours veillé à ce que cette relation, si particulière, si spécifique, si précieuse, n’atteigne pas ces niveaux d’incompréhension et d’impasses.

Avec Emmanuel Macron, la relation avec ces pays du Maghreb a pris une dimension de crise inédite, car elle s’est installée dans la durée et a rendu normale l’absence de dialogue politique de haut niveau, doublé d’une dose certaine d’improvisation. Entre Paris et les capitales du Maghreb est née une forme de défiance structurelle dont on a du mal à imaginer les conséquences.

Une des meilleures illustrations de cette crise touche l’axe Paris-Rabat qui se trouve affaibli par d’immenses incompréhensions et qui ne semble pas imposer à Paris une urgence diplomatique française pour y remédier. Emmanuel Macron semble s’adapter à cette situation de froid glacial et de non dialogue politique avec le Maroc.

Il reste sourd aux appels venus de milieux politiques et économiques qui l’incitent à mettre fin au plus tôt à cette mésentente entre Français et Marocains. La dernière tentative diligentée pour secouer le cocotier diplomatique fut l’œuvre du patron du Parti des républicains Éric Ciotti. Lors d’une visite remarquée au Maroc, il avait appuyé là où cela fait mal, la nécessité pour la France de reconnaître la souveraineté du Royaume sur son Sahara.

Et si Emmanuel Macron n’a pas encore osé franchir ce pas, c’est au regard de ses relations avec l’Algérie qui avait toujours considéré cette évolution française comme une ligne rouge. Ironie de l’histoire, les relations entre Paris et Alger sont en dents de scie, à tel point que la visite en France du président Abdelamjid Tebboune, longtemps reportée, pour ne pas voir lieu en juin comme cela avait été prévu.

Entre Paris et Alger, c’est censé être une lune de miel au regard des visites de haut niveau effectuées entre les deux pays. Macron et Elisabeth Borne, accompagnée de la moitié du gouvernement à Alger. Le patron de l’armée algérienne Saïd Chengriha en visite inédite à Paris.

Et pourtant malgré ce vernis de bonne entente, les relations entre les deux pays sont toujours aussi complexes. Sans aucun doute à cause des demandes excessives formulées par Alger à l’encontre d’Emmanuel Macron. Le régime algérien voudrait profiter du besoin presque narcissique du président français d’opérer une accélération dans le domaine de la réconciliation mémorielle pour lui imposer un code de bonne conduite et des conditions politiques à remplir.

Et si malgré les bonnes dispositions de Macron à l’égard du régime algérien, la tension entre les deux pays est toujours à l’œuvre, c’est la meilleure preuve que Paris refuse de se soumettre totalement aux désidératas algériens. Récemment le vote d’une résolution du parlement européen condamnant lourdement le régime algérien pour ses violations systématiques de droits de l’homme et de la liberté de la presse, a été pris comme prétexte pour monter la pression algérienne sur Paris.

Macron n’est pas certain de rendre une visite d’Etat au Maroc dans l’horizon politique qui s’annonce. Tebboune non plus n’est pas sûr de venir en France en juin comme cela avait été déjà claironné sur tous les toits.

Cette impasse diplomatique française résume à elle seule l’immense contradiction dans laquelle se trouve la diplomatie d’Emmanuel Macron a l’égard du Maghreb. Sauf à gérer les quatre années qui lui restent de son mandat dans l’indifférence totale aux enjeux de cette région, ce qui ne peut être imaginable, Emmanuel Macron se doit de penser une nouvelle approche diplomatique à l’égard des pays du Maghreb.

Celle-ci passera forcément à travers une normalisation impérative des relations ente la France et le Maroc, avec le but de récupérer sa valeur stratégique et à travers un langage de vérité avec le régime algérien pour sortir de cette logique de contrainte et de pression qui caractérise ses rapports avec Paris.

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