En Algérie, les politiques ne savent plus qui accuser pour s’affranchir de la responsabilité de la situation des droits de l’Homme critiquée par le Parlement européen dans une résolution votée à une majorité écrasante.
La France a d’abord été accusée d’avoir orchestré le vote de cette résolution à travers les députés du parti présidentiel d’Emmanuel Macron, sans toutefois fournir de preuves. Les médias et politiques algériens se sont inspirés de la réaction marocaine face à la même condamnation en février. Sauf que dans le cas du Maroc, les preuves de l’implication du groupe Renew Europe et du pen-holder français de la résolution, ont été établies.
Le Maroc a aussi été ciblé par les accusations dans une dépêche de l’agence de presse officielle algérienne (APS). La dépêche algérienne a voulu faire croire que ce serait le Maroc qui aurait été à l’origine de l’adoption de la résolution européenne, alors que le Royaume lui-même en a été victime.
Le lendemain du vote au Parlement européen le 11 mai, l’APS sortait avec une dépêche qui servait à remettre la faute sur le Maroc, en indiquant qu’il s’agirait d’une manœuvre destinée à « rassurer les réseaux internes du Makhzen au PE ».
« Cette résolution du Parlement européen contre l’Algérie ne rassure pas sur l’état de cette institution qui au lieu de chercher à satisfaire les obsessions de nuisance de ses protégés et qui peine à se débarrasser des retombées du scandale +Marocgate+, devrait s’inquiéter d’abord des souffrances des peuples opprimés et martyrisés », a ajouté l’agence de presse algérienne.
Le Parlement algérien aussi, a réagi à travers ses deux chambres, le Sénat et l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), en s’attaquant à la crédibilité du Parlement européen et en pointant du doigt notamment les scandales de corruption dans le cadre du « Qatargate ».
Salah Goudjil, 92 ans, le plus ancien député algérien, souvent critiqué pour s’accrocher au pouvoir malgré son âge avancé et taxé de « sénile » et de « dinosaure », n’a pas manqué de surfer sur la vague de l’ennemi « marocain ».
Au lieu de répondre par des arguments aux accusations et au dossier à charge présenté par le Parlement européen, le président du Conseil de la nation, considéré comme le numéro 2 en Algérie, a préféré s’en prendre au Maroc et a donné des instructions pour renforcer encore plus le travail de l’Algérie pour entretenir le conflit au Sahara en soutenant le polisario.
Concernant les accusations de manquements graves aux droits de l’Homme en Algérie, Goudjil a déclaré que « C’est l’Algérie qui donne des leçons en matière de liberté d’expression et de respect des droits de l’homme et non l’inverse ».
Parmi les fondements de l’Algérie nouvelle (une idée promue par le président Abdelmadjid Tebboune) se trouve « le soutien aux peuples qui croupissent encore sous le joug colonial et qui luttent pour leur autodétermination conformément aux principes de la légalité internationale », a-t-il ajouté, citant la Palestine et cherchant à y coller l’invention algérienne du polisario.
Pour rappel, la plénière du Parlement européen avait adopté, jeudi 11 mai, une résolution sur «la liberté de presse et la liberté d’expression, cas du journaliste Ihsane El Kadi». Le texte a été déposé par cinq groupes d’eurodéputés : le Parti populaire européen, les Sociaux-démocrates, Renew Group, les Verts et le Groupe des Conservateurs et Réformistes.
La résolution, adoptée par une écrasante majorité (536 pour, 4 contre et 18 absentions), appelle les autorités algériennes à libérer le journaliste Ihsane El Kadi, condamné à cinq ans de prison dont 3 fermes, ainsi que les autres professionnels des médias emprisonnés.
Par cette adoption, a-t-il été souligné, « le Parlement européen montre qu’il n’entend plus rester silencieux face à la répression menée par les autorités algériennes contre les médias indépendants du pays ou ce qu’il en reste ».
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