La prochaine réunion du Conseil de sécurité de l’ONU qui doit connaitre la présentation d’un compte rendu de l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan De Mistura, sur les nouveautés concernant le dossier du Sahara, sera présidée par la Russie.
Après avoir mené ses consultations « informelles » et bilatérales entre les différentes parties prenantes au dossier, ainsi qu’un groupe élargi de puissances occidentales également intéressées par le conflit, Staffan de Mistura est attendu pour livrer les conclusions de ses entretiens dans un briefing devant le Conseil de sécurité le 19 avril, à la lumière des derniers développements qu’à connus la région.
La Russie en tant que membre permanent au Conseil de sécurité, préside pour le mois d’avril le tour de table à travers son représentant, Vassili Nebenzia. Le chef de la mission onusienne d’observation, Minurso, Alexander Ivanko, donnera aussi un exposé de ces derniers mois et ce sera l’occasion de présenter tout le bilan des actions de la milice séparatiste du polisario.
De Mistura a réussi avec brio à inclure indirectement l’Algérie au processus politique alors qu’elle s’y était opposée lors de la dernière résolution du Conseil de sécurité, refusant d’admettre sa responsabilité et voulant freiner l’élan positif que connait la proposition d’autonomie du Maroc qui connait un large consensus international.
Alors que la Russie est connue pour pencher du côté de l’Algérie dans le dossier, notamment à cause des liens militaires qui unissent les deux pays, il y a de fortes chances de croire qu’elle va tenter d’observer plus de neutralité en raison de la guerre en Ukraine pour laquelle le Maroc a adopté une position juste et pondérée.
Le Maroc et la Russie sont aussi liés par des accords significatifs pour Moscou qui aimerait densifier ses liens avec Rabat. L’accord de pêche entre les deux pays permet à des bateaux russes de pêcher dans les eaux marocaines dont les eaux adjacentes au Sahara.
La Russie a montré à plusieurs reprises qu’elle n’était pas alliée militaire de l’Algérie, mais qu’elle agissait en tant que fournisseur. Avant les récents exercices conjoints entre les militaires algériens et russes aux frontières marocaines, l’armée russe a tenu à annoncer à l’adresse du Maroc que ces exercices ne visaient aucunement à déstabiliser le voisin.
S’agissant des relations avec l’Algérie, la Russie n’a pas apprécié le revirement occidental opéré par Alger ces derniers mois. L’Algérie a cherché la protection de la France avant une potentielle condamnation américaine pour financement de la machine de guerre russe. Depuis, l’Algérie tente d’améliorer ses relations avec les Etats-Unis.
Le budget militaire colossal de l’Algérie réservé pour 2023, soutient cette position à deux têtes du pays, qui ne veut pas fâcher la Russie en continuant ses commandes d’armes, tout en se tournant vers les Occidentaux aussi.
La Russie maintient donc une position plutôt « équilibrée » sur le conflit autour du Sahara, et pourrait même surprendre par un appui envers le Maroc vu sa situation en Ukraine, et le comportement de l’Algérie.
En 2019, Moscou n’avait pas invité le polisario au Sommet Russie-Afrique organisé à Scotchi, et le prochain sommet prévu en juillet, a besoin d’adhésion africaine, une équation qui n’est pas garantie. La Russie a donc besoin de pays au poids pondérant et de pays ayant un leadership pour assurer le succès de ce rendez-vous. Moscou aura donc besoin du soutien du Maroc.
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